MARIE DE SOLEMNE

MARIE DE SOLEMNE

dimanche 23 mai 2010


DONNER UN SENS OU UNE ISSUE

S’il suffisait de combler les besoins élémentaires de l’être humain (nourriture, chaleur, boisson, logement, vêtement soins médicaux) pour qu’il vive heureux, qu’il soit épanoui dans sa vie privée et professionnelle, la quasi-totalité des occidentaux de notre époque connaîtrait le bonheur, vivrait dans l’harmonie. Mais nous savons qu’il n’en est rien.

La France, notamment, se distingue douloureusement par une surconsommation de médicaments anxiolytiques, antidépresseurs magiques et autres substances merveilleuses, chargées de nous faire supporter l’insupportable.
Nous ne manquons de rien et nous avons le sentiment d’êtres privés de tout !
Étrange paradoxe qui nous conduit à perpétuellement chercher ce que nous ne savons même pas nommer, à exiger des autres (de l’autre) qu’ils modifient leur personnalité pour compenser nos vides, pour finalement suivre les yeux fermés les conseils de notre société productrice et consommatrice de rêves souvent irréalistes donc pourvoyeurs de nouvelles victimes brisées par la désillusion.

Dès lors, ces individus égarés dans notre beau monde moderne et sûr ces hommes et ces femmes, lentement étouffés par trop de fausses nécessités et ne décelant plus aucun possibles dans leur vie, entrent dans la longue liste de ceux qu’on nomme avec une certaine fatalité : les désespérés.

Car, ainsi que l’écrivait Kierkegaard, philosophe danois du XIXe siècle : « Manquer de possible signifie que tout nous est devenu nécessité ou banalité. », et aussi : « Le fataliste est un désespéré qui a perdu son Moi car il n’y a plus pour lui que de la nécessité. »

Aujourd’hui, ce sentiment fataliste vient d’un état de fait assez odieux mais bien réel : la principale source de richesse de notre société occidentale, étant de fabriquer et vendre de l’espoir en boîte (médicament anti-malheur, boisson qui rend heureux, cosmétique miraculeux, nourriture enrichie en éternité, etc.), les désespérés sont devenus indispensables à la bonne marche du progrès.

Dès lors, nous nous apercevons que les désespérés sont en réalité de simples consommateurs réguliers, fidèles et ordinaires, sans lesquels notre économie tomberait dans le chaos…

Cette vision sans complaisance du tribut qu’exigent la modernité et le progrès en échange d’une certaine facilité de vie matérielle, n’a pas pour objectif de noircir un tableau qui n’en a guère besoin. Au contraire nous désirons mettre en lumière une réalité trop peu souvent évoquée et explorée : notre difficulté à vivre le bonheur, cette montée en puissance de l’état dépressif, du stress, cette sensation douloureuse d’un perpétuel manque, n’est pas une malédiction qu’il nous faut accepter mais une manipulation qu’il faut apprendre à détourner.

L’issue à cette souffrance est à la fois simple et exigeante. 
Parce que nous sommes les fruits de traditions successives, basées sur la dualité (c’est toujours « ou bien… ou bien… ». Ou bien tu es beau, ou bien tu es laid) nous avons également posé en dualité les deux piliers fondamentaux de notre existence — d’un côté : 

Avoir, et de l’autre : Être.

Dans notre culture, que nous en soyons conscients ou non, nous sommes constamment placés face à un choix déséquilibrant : avoir ou être !

Nous sommes les héritiers malheureux d’un choix que d’autres ont fait pour nous à une époque où ce choix était peut-être le meilleur, mais qui, depuis un certain nombre d’années, s’avère hautement nuisible : nous possédons « l’avoir », mais nous manquons « d’être ».

Autrement dit nous avons les moyens d’être heureux, mais nous ne savons pas ce qu’est le bonheur. 

Nous vantons les vertus de l’amour, mais nous ne savons pas aimer !

Et si nous n’avions plus besoin de nous plier à ce choix cornélien ?
            
            Et si Avoir et Être pouvait se vivre sans honte, côte à côte, l’un renforçant l’autre ?

Être donnerait enfin un sens à Avoir, donnerait un sens à la vie.
 
Donner une sens à  notre vie… 

Voici le résumé de notre histoire, de nos douleurs, de nos attentes et de nos peurs.

Donner un sens à cette vie qui nous échappe, qui s’enfuit dans le lointain.

Donner un sens à une existence qui s’enfonce dans le temps avec pour seul allié un oubli bienfaisant.

Donner un sens, une direction, une trajectoire, une raison d’être, à ce que nous avons de plus précieux, de plus fragile et de plus rare : notre propre vie.

Il faut chercher longtemps pour se trouver un peu…
© Marie de Solemne

3 commentaires:

  1. Le monde moderne à oublié le sens du mot être et le confond avec le verbe avoir.
    L'homme actuel se préoccupe bien plus de ce qu'il possède que de ce qu'il est !

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  2. L'homme moderne ce préoccupe plus d'avoir que d'être !
    Formaté par la société de consommation qui est le premier pas vers sa fin définitive.
    Il a écrit :"to be or not to be... " et non avoir où ne pas avoir, mais qui sait encore de qui je parle là ?

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  3. Bonjour,
    Je voulais sincèrement vous remercier pour votre témoignage sur votre EMI.
    J'ai vécu une expérience (différente car j'étais vivant) lorsque j'étais enfant à l'école, j'étais très anxieux
    et le professeur déclinait le nom des élèves, quand il a épelé mon nom, je me suis levé perdu, et puis
    mes pensées ont disparues et j'ai senti une clarté que je ne pourrais pas décrire, et j'ai senti que j'étais
    moi. j'arrête là. Après j'ai oublié et ce 'souvenir' est revenu vers 19ans. J 'ai 59 ans et toujours le même questionnement
    Merci à vous
    Amicalement
    Christian

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