MARIE DE SOLEMNE

MARIE DE SOLEMNE

mardi 8 septembre 2009

LES SOURCES DU MENSONGE

LE MENSONGE : SALAIRE DE LA PEUR

Quand il n’est pas pure malveillance, le mensonge le plus ordinaire, le plus quotidiennement pratiqué, est finalement toujours une parade d’urgence face à la peur, face à une angoisse profonde de n’être que soi.

Cette angoisse est d’autant plus aliénante que nous ne parvenons pas à assumer notre liberté intérieure — liberté qui, seule, pourrait nous affranchir de la peur et par conséquent de l’usage du mensonge.

De fait, accepter le mensonge, n’est-ce pas refuser d’exercer sa liberté ? N’est-ce pas, implicitement, accepter de demeurer esclave quand nous pourrions être maître ?

Mais qu’est-ce qu’un homme libre ? Qu’est-ce donc que cette liberté dont on parle avec nostalgie ? Et pourquoi nous en écartons-nous au prix même d’une troublante compromission avec le mensonge ?

En premier lieu, la liberté intérieure est bien différente d’un simple affranchissement des contraintes extérieures.

Demandons-nous d’abord si nous voulons réellement être libres ? Pensons-nous à une liberté totale ou à nous débarrasser d’une gêne ou d’un ennui ? De la douleur ? De l’angoisse ? Car vouloir se libérer de quelque chose, ce n’est pas vouloir la réelle liberté, ce n’est qu’une réaction qui engendrera une nouvelle réaction. On ne déclenche alors que des réactions en chaine et l’on s’imagine que chacune d’elle est une libération.

La liberté est autre ; la liberté est un état d’esprit, non le fait d’être affranchi de quelque chose ; c’est la liberté de douter, de remettre tout en question, c’est une liberté si intense, active, vigoureuse, qu’elle rejette toute forme de sujétion, d’esclavage, de conformisme, d’acceptation.

Mais cet état « d’esprit de liberté » peut-il se produire lorsqu’on a été formé par une culture de façon à être toujours tributaire, aussi bien d’un milieu que de ses propres tendances ?

Autrement dit, cette liberté intérieure est d’autant plus difficile à atteindre que l’homme est avant tout esclave de lui-même, esclave de ses illusions, de ses manques. Il s’imagine toujours qu’il est esclave de ce qui est en dehors de lui, de ce qui lui est extérieur, mais la source de son esclavage est intérieure. Vivant sous l’influence d’une illusion tellement forte qu’elle apparaît comme une conscience normale, l’homme se croit asservi au « non-Moi » alors, qu’en réalité, il est l’esclave de son propre « Moi ». Et cet esclavage intérieur, produit de nos peurs, est alors générateur de mensonges.

Il semble donc indispensable de regarder nos peurs en face, si nous voulons un jour connaître cette liberté intérieure et oser vivre, sans honte et sans mensonges — c’est-à-dire sans masque — ce que nous sommes réellement.

Beaucoup d’entre nous ont un désir dévorant d’occuper une position sociale, craignant de n’être que des « rien du tout ». La société est faite de telle façon que l’homme qui occupe une belle situation est traité avec beaucoup de courtoisie, de déférence, alors que celui qui n’est rien socialement est malmené, méprisé. Ainsi, tout homme au monde veut avoir sa place, dans la société, dans la famille, et cette situation doit être reconnue, sans quoi ce ne serait pas une situation du tout. Intérieurement, nous sommes envahis de remous douloureux et désordonnés, c’est pourquoi être considérés par le monde, passer pour des personnages importants, nous procure une grande compensation. Ce désir d’avoir du prestige, d’être puissant et d’être reconnu comme tel par la société est en somme un désir de dominer, ce qui est une forme d’agression. Et quelle est la cause de l’agressivité ? La peur.

La peur est indiscutablement un des plus grands problèmes inhérents à la vie. Être sa victime, c’est avoir l’esprit confus, déformé, violent, agressif, en perpétuel conflit. C’est ne pas oser s’éloigner d’un monde conventionnel de pensée, qui engendre l’hypocrisie.

Pour débusquer cette peur psychologique, profondément ancrée en nous, aliénante, susceptible de dévoyer toute une vie, nous devons l’identifier sans complaisance afin de l’affronter et non plus de la fuir par le mensonge et la dissimulation.

La peur n’est jamais abstraite, elle est toujours reliée à quelque chose.

Savons-nous quelles sont nos peurs ?

Avoir peur de : perdre son emploi, manquer de nourriture ou d’argent, être victime de médisances ou de calomnies, ne pas réussir, perdre une position sociale, être méprisé ou ridiculisé ; ou encore : avoir peur de la souffrance, de la maladie, avoir peur d’être assujetti, de ne pas connaître l’amour, de ne pas être à la hauteur de l’image que l’on se fait de nous, de ne pas être aimé… ?

De toutes ces peurs, et d’autres innombrables, savons-nous quelles sont les nôtres ? Et que faisons-nous à leur sujet ? La plupart du temps, nous les fuyons ou nous nous inventons des idées et des images pour les camoufler.

Mais fuir la peur ne fait que l’accroître.

Comme une des causes majeures de la peur est notre refus de nous voir tels que nous sommes, nous devons donc, non seulement identifier nos peurs, mais aussi examiner le réseau d’artifices que nous avons élaboré en vue de nous débarrasser d’elles.

Si ce refus obstiné a pour terreau le fait que nous ne sachions pas nous aimer nous-mêmes, il a aussi pour principale raison, notre angoisse de n’être rien, ni aimé ni aimable, en tous cas de n’être pas ce que l’autre attend de nous —ou plus exactement, ce que nous croyons qu’il attend de nous.

Dès lors, pour compenser cette angoisse, nous sommes inévitablement conduit au mensonge, à la dissimulation.

Atteindre la liberté intérieure, la liberté comme état d’esprit, la liberté d’être seulement ce que l’on est, devrait donc être notre objectif de chaque jour, car elle seule peut nous affranchir de nos peurs sociales et relationnelles et ainsi faire que nous ne soyons plus l’esclave de nos mensonges.

Marie de Solemne

© Marie de Solemne

6 commentaires:

  1. Bonjour, j'ai lu un certain nombre de choses sur votre blog et bien entendu je partage largement votre façon de percevoir les choses, mais je sens qu'il faut aller encore beaucoup plus loin ou plutot OSER toujours davantage de découverte. L'aveu de ce que nous sommes réellement ne suffit pas à combler le "vide" dont nous sommes encore les" marionnettes" et dont il s'agit vraiment d'aller à la conquete, c'est une véritable odyssée, je peux en témoigner. Merci (je me suis autorisé à prendre une image sur votre blog que je trouve très belle et j'espère que vous ne m'en tiendrez pas rigueur)

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  2. "votre commentaire s'affichera après approbation" ça par contre je trouve cela un peu dommage, une forme de censure un peu maladroite. Merçi.

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  3. OUI je trouve aussi cela un peu dommage effectivement je prends aussi cela pour une forme de censure mais je suis sur que vus avez une explication à nous donner merci Marie de vous être livrée avec autant de sincérité cela m aide beaucoup dans mon aventure spirituelle
    Barbara EVA

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  4. Bonjour Marie, j'aimerais savoir pourquoi vous aviez choisi l'oeil pour illustrer votre texte ? Merci

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  5. La bienveillance à notre égard aide grandement à mesapprendre à subir nos peurs intimes si au moins, nous cherchions encore à apprendre à s'aimer pour semer du mieux et du meilleurs. Un peu simpliste certes mais le plus difficile à garder en conscience pour surmonter nos conditionnements humains.
    Sophia

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  6. La bienveillance à notre égard aide grandement à mesapprendre à subir nos peurs intimes si au moins, nous cherchions encore à apprendre à s'aimer pour semer du mieux et du meilleurs. Un peu simpliste certes mais le plus difficile à garder en conscience pour surmonter nos conditionnements humains.
    Sophia

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