MARIE DE SOLEMNE

MARIE DE SOLEMNE

samedi 4 juillet 2015


QU'EST-CE QUE "AIMER" ?

Enfant, je rêvais qu'aimer c'était comme respirer, que tout le monde le faisait, que tout le monde savait.
Longtemps j'ai cru qu'on ne pouvait pas vivre sans aimer, comme on ne peut pas survivre sans respirer.

Puis le temps est venu où l'enfant fut enfouie dans le grand champ sauvage de l'adolescence.

Adolescente, j'ai encore rêvé que ceux qui ne savaient pas m'aimer, aller changer. 
On ne peut pas vivre sans respirer, n'est-ce pas ?

J'ai patienté, un peu. J'ai douté, beaucoup. De moi surtout. 

Et quand j'ai eu vingt ans, j'ai cessé de penser que pour vivre il fallait respirer. J'ai regardé. 
Il suffisait de voler l'air des autres. 
De prendre leur amour pour se sentir très fort, et ne jamais rien donner en retour.

Et j'ai pleuré. Longtemps. Seule. Désemparée par la réalité du monde dans lequel j'étais née.

Pour faire comme tout le monde, j'ai respiré l'air des autres. Jamais le parfum des fleurs. 
J'ai dévoré l'amour parfois donné, mais je n'ai rien échangé.
Et je suis devenue dure, comme un cristal, comme un caillou que l'eau n'a jamais caressé. 

C'était trop. J'allais faire mal aux autres, sans doute l'avais-je déjà fait, puisque rien ne correspondait à ce que j'avais imaginé du monde.

alors qu'un magnifique petit cheval gris aussi rétif que moi, m'a obligé à mourir un peu, à arrêter de respirer.

Il fallait que je retourne là où j'avais toujours été, là où l'amour est ce qui est donné à respirer, pour être consolée.

J'ai reçu en un instant ce qui m'avait manqué pendant vingt ans.
L'amour fluide et léger, Le Bien qui apprend à aimer, le sens à donner à mes peines, à mes joies, à mes épreuves.
Mais surtout, surtout, j'ai rencontré l'essence même du courage, de la persévérance, de la patience. 

Et je suis née à nouveau.
Quand je fus ce nouvel enfant, je sus alors qu'aimer n'était pas comme respirer. 
Qu'il fallait le vouloir, le désirer de tout son coeur. Et que beaucoup n'en faisait pas l'effort.

Et peu à peu j'ai appris que respirer le parfum des fleurs, du ciel, de la mer, et non l'espace des autres, est la première source du bonheur, et que la seconde est tout simplement : 
    
          Aimer comme un enfant, dans la curiosité et l'émerveillement. 

Ne plus craindre la solitude, car toujours près de soi, dans l'ombre ultime, se tend une main pour offrir la consolation dont nous avons toujours besoin.


© Marie de Solemne

1 commentaire:

  1. Bonjour, une question dans la suite de vos textes et de votre vidéo publiées.
    - Avez-vous ouvert cette "porte" ici-bas?
    Vos textes peuvent y répondre, mais pouvez-vous répondre par un oui?
    Que d'efforts et de recherche à tout vents, ou d' inclination, sans savoir quoi, et comment pour y parvenir ! Il faut bien le reconnaitre.
    Bien cordialement.

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