MARIE DE SOLEMNE

MARIE DE SOLEMNE

mercredi 19 août 2009

2) PERDRE UN ÊTRE AIMÉ

Chapitre 2

Il faut se rendre à l’évidence…

Non, le XXIe siècle n’a pas tout prévu.

Non, le XXIe siècle n’est pas qu’une somme de gains par rapport au moyen-âge, il a même perdu certaines connaissances et sagesses essentielles.

Non, le XXIe siècle ne détient pas le secret de la vie, sinon il détiendrait aussi celui de la mort et ce n’est pas le cas.

Non, le XXIe siècle n’est pas un siècle pire ou meilleur que les autres, il n’est que ce que les hommes sont et ont voulu qu’il devienne : un étonnant mélange de génie, d’orgueil, de nouvelles valeurs et de limites oubliées.

Que nous manque-t-il pour profiter pleinement de l’existence offerte, pour VIVRE, tout simplement ? Apprendre, ou plus exactement réapprendre, la mort.

Ce mot énerve, certains trouvent même que l’on en parle trop. Peut-être parce que cette terrible impuissance à laquelle la mort nous confronte est en décalage avec l’endoctrinement moderne : « La vie est un combat que nous devons gagner ».

Il reste aussi que les acteurs du XXIe siècle ont une prédilection pour les histoires qui se concluent par un « happy end » ; « une belle fin » sournoisement remise en question par cette monstruosité immorale qu’est la perte définitive d’un être aimé.

Nous aimons les histoires d’amour, non les histoires de mort.

Bien que nous sachions tout cela, nous n’ignorions pas que, paradoxalement, ce sont ceux qui refusent le plus obstinément de regarder la mort comme une simple étape de la vie, qui sont, le jour venu, le plus en demande de lumière, d’aide à ce propos. Car, qui que nous soyons, riches ou pauvres, cultivés ou non, croyants ou non, cette étape (épreuve ou occasion — à chacun de choisir) fait partie du menu obligatoire.

Dans 80% des cas, avant même que notre propre mort soit inscrite sur l’agenda du destin, nous aurons à affronter celle de quelqu’un que nous aimons plus que tout, à accompagner cet être aimé vers un sursis ou vers la fin et, si nous n’en sommes pas capables, nous ne trouverons alors aucun autre moyen de gérer la honte intérieure que notre faiblesse génèrera, que celui de refuser encore plus violemment tout ce qui entoure le phénomène de la mort.

Le cercle est pour le moins vicieux.

© Marie de Solemne

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